QUAND IL Y AVAIT UNE ÉCOLE À MOCQUEBARIL...

Quand l'instruction scolaire devient obligatoire, chaque commune construit une école. La construction de la "maison d'école de garçons", qui abrite aussi la Mairie, est inaugurée dans le centre du village en septembre 1884.

 

Mais dès 1882, la construction d'une autre école est décidée et le 12 janvier 1883, le Préfet écrit au Maire, Paul Caillard:

 

"J'ai l'honneur de vous informer qu'en vertu d'un arrêté de M le Ministre de l'Instruction Publique du 16 octobre 1882, il doit être établi une école de hameau dans la commune de St Laurent des Eaux au lieu dit Bigons (certainement les Bignons?).

 

"Les frais de construction seront entièrement à la charge de l'Etat. La Commune n'aurait à pourvoir qu'au prix du terrain à acquérir dans le cas ou il ne ferait pas l'objet d'une cession gratuite.

 

Je recommande à toute votre sollicitude le projet dont vous apprécierez certainement l'intérêt et je vous prie de vouloir bien vous occuper, sans aucun retard, du choix d'un emplacement de concert avec M l'Inspecteur primaire, qui va recevoir des instructions pour s'entendre d'urgence avec vous à ce sujet. Vous voudrez bien me faire parvenir, avec vos propositions, un plan topographique de la commune dressé conformément aux prescriptions de la circulaire du 11 septembre 1882…" Apparemment, l'administration est pressée".

 

Le 11 février 1883, le Conseil se réunit. "Monsieur le Maire met sous les yeux du Conseil une lettre de Monsieur le Préfet en date du 12 janvier 1883, par laquelle il l'informe qu'une école de hameau doit être construite sur le territoire de la commune de St Laurent des Eaux, et lui fait connaître que l'administration demande à la commune de lui proposer l'emplacement le plus utile aux intérêts scolaires qu'elle prendrait à sa charge, hors le cas d'un don gratuit."

 

Le Conseil, appréciant l'intérêt de la création de cette deuxième école dans la commune, considérant que d'après l'extrait de la liste de statistique des enfants d'âge scolaire, il résulte que 33 filles et 27 garçons peuvent être distraits des écoles principales de la section du bourg, que tant à cause de sa proximité des hameaux de Grand Champ, Chaffin et de Maulnes, des fermes et des maisons isolées situées dans un rayon répondant aux distances kilométriques les plus convenables à parcourir par les enfants et aussi des facilités de communications, a décidé en principe de construire l'école de hameau au village de Mocquebaril et pour l'établir, de nommer une commission chargée du choix de son emplacement offert à titre gratuit par M et Mme CAILLARD et LORIN de CHAFFIN qui déclarent vouloir bien céder à la commune de St Laurent des Eaux pour l'établissement d'une école de hameau une surface…"

 

Suivent des blancs laissés pour énumérer les numéros de parcelles et la phrase suivante qui a été rayée: "…à condition que cette école y existe toujours et ne reçoive jamais une autre destination. Dans le cas contraire, le terrain cédé gratuitement pour usage d'une école de hameau reviendrait à son propriétaire moyennant un remboursement intégral de la construction".

 

Puis on élit la commission qui choisira l'emplacement de l'école. "Après avoir procédé au vote, les bulletins déposés dans l'urne au nombre de 14 ont été ainsi répartis en faveur de 4 membres du Conseil dont les noms suivent:

     M PERRIN 6 voix

     M LORIN de CHAFFIN 7 voix

     M CHASSAIGNE 8 voix

     M PAFET 10 voix"

 

Le 23 février, le Secrétaire général de la Préfecture envoie un nouveau courrier, dans lequel il autorise le Conseil à se réunir en session extraordinaire, et l'appelle à délibérer sur l'école de hameau. Il conclut "si la cession amiable du terrain ne pouvait être obtenue à l'amiable, le Conseil municipal aurait à demander le recours à l'expropriation pour cause d'utilité publique".

 

La commission, à laquelle s'est joint M POTONNIER, Adjoint, se réunit et elle fait son rapport à la séance de Conseil du 14 mai. "Elle accepte le terrain de M LORIN de CHAFFIN, situé côté gauche de la route de Beaugency à Romorantin et d'une contenance de vingt cinq ares comme remplissant toutes les conditions désirables, tant sous le rapport hygiénique que topographique".

 

L'architecte du département; M Stanislas BEAU, dresse les plans le 20 août 1883 et ceux ci sont approuvés par le Ministre de l'Instruction publique en novembre. Ils prévoient au rez de chaussée une classe pour 50 enfants et des cours, des préaus et des toilettes séparées pour les filles et les garçons. Au premier étage, l'appartement de l'instituteur qui se compose d'une cuisine, d'une salle à manger et de deux chambres à coucher.

 

Le 30 décembre 1883, le Conseil se réunit pour étudier les plans et les devis du projet. Il reconnaît "l'utilité de la création d'une école de hameau à Mocquebaril, y donne une approbation unanime sous la réserve expresse que le crédit alloué par l'Etat ne saurait en aucun cas être dépassé et que la commune n'aurait d'autre charge à supporter que celle de l'emplacement du terrain". En ce qui concerne les plans et les devis, le Conseil renvoie le dossier devant la commission créée à cet effet.

 

Le dossier avance donc, mais certainement pas à un rythme aussi rapide que semblait le souhaiter le Préfet. En effet, ce n'est que le 10 novembre 1884 que celui ci annonce au Maire une subvention de 17 000F du Ministre de l'Instruction publique et fin décembre de la même année, les discussions sur la donation du terrain par M LORIN de CHAFFIN à la commune se poursuivent toujours sous la houlette de Maître SÉJOURNÉ, notaire à Nouan/Loire.

 

Le 11 janvier 1885, le Conseil se réunit et après avoir entendu les explications de Maître SÉJOURNÉ, accepte, par 8 voix contre 1, la donation de M LORIN de CHAFFIN. Cette donation concerne "un terrain de 22 à 25 ares cédé gratuitement pour la construction d'une école communale de hameau en rive gauche de la route de Romorantin à Châteaudun faisant partie de la section G du plan cadastral et portant les numéros 59 à 62". Il y met toutefois deux conditions:

   - un droit de passage dans toute la longueur du chemin qui borne au sud la pièce de terre cédée ci dessus

   - que sur le terrain donné gratuitement à la commune par M LORIN de CHAFFIN, il y soit construit une école communale de hameau exclusivement destinée à cet usage".

 

Les plans sont faits, les subventions sont allouées et le terrain offert: toutes les conditions sont donc réunies pour que les travaux commencent. Mais, coup de théâtre à la réunion de Conseil du 22 février 1885! Alors qu'à celle du 30 décembre 1883 l'accord pour la construction de l'école de hameau était unanime, le 22 février, quatre Conseillers , MM JOHANET, GERVAISE, GON et ADAM, contestent son utilité. Entre temps, les élections municipales ont eu lieu, M Michoux PERRIN est devenu Maire, mais parmi les quatre contestataires, seul M DAIRE Adam est un nouvel élu. M LORIN de CHAFFIN ne fait plus partie du Conseil: y a t'il là un lien de cause à effet?

 

Le plan de l'école

 

Toujours est-il que ces quatre Conseillers "font remarquer que l'utilité de la construction d'une école de hameau à Mocquebaril n'est pas suffisamment démontrée pour le besoin de l'instruction des enfants des villages de Grand Champ, Chaffin, la rue Hallet, Mocquebaril et des fermes environnantes, que jusqu'ici les soins des intérêts scolaires n'ont pas été négligés en faveur des enfants de cette partie de la commune bien qu'elle soit éloignée du chef lieu, que d'un autre côté, en ce qui concerne l'instruction religieuse, les enfants, une fois entrés à l'école de hameau, pourraient plus difficilement suivre le catéchisme pour préparer la 1ère communion, que cette école paraît maintenant superflue attendu que tous les enfants de la commune sont maintenant reçus dans des classes très convenables sous beaucoup de rapports, qu'il ne leur manque ni espace ni rien de ce qui peut convenir à une maison bien appropriée à usage de classe. En conséquence, ils émettent le vœu que de nouvelles dépenses ne viennent pas charger le budget qui va avoir à supporter les charges de la construction de l'école des garçons et prient M le Préfet de ne pas donner suite au projet de construction de l'école de hameau de Mocquebaril, et dans tous les cas font toute espèce de réserves pour le vote de toutes dépenses nouvelles qui pourraient résulter de son édification et de l'ouverture de ladite école".

 

Toutefois, ce vœu n'est pas suivi d'effet car le 23 mai 1885 les marchés de travaux sont attribués:

- maçonnerie à Edouard ROUSSEAU de Suèvres pour 6995,92F après 2% de rabais

- charpente à Alexis BODY de Beaugency pour 2611,45F après 5% de rabais

- couverture à M MARCHAIS de St Dyè/Loire pour 998,35F après 16% de rabais

- plâtres à Eugène BLANCHE de Mer pour 979,88F après 12% de rabais

- menuiseries à Louis DEBRAY à Mer pour1301,06F après 12% de rabais

- peintures à Abel HURON de Mer pour344,77F après 15% de rabais

- serrurerie à M BRISSET de Mer pour 936,42F après 26% de rabais

 

Les travaux doivent se poursuivre comme prévu car aucune discussion ou délibération les concernant n'est notée dans le registre. Le 14 février 1886 le Conseil vote 800F pour le salaire de l'instituteur de l'école de Mocquebaril pour l'année 1887. A partir de Mai 1886, des courriers sont échangés avec la Préfecture et avec un menuisier pour le marché du mobilier. Celui ci dépassant les 300F, le Conseil charge le Maire le 22 août 1886 de passer un marché régulier. Un inventaire qui sera établi le 1er novembre 1887 dénombre: 10 tables, 2 tableaux noirs, 1 méthode de lecture, 40 ardoises, 1 armoire-bibliothèque, 1 estrade, 1 poêle, 1 horloge, 1 mappemonde, des cartes, le mobilier de l'instituteur et des livres de bibliothèque.

 

L'école ouvre à la rentrée 1886-1887 et l'instituteur est M LETELLIER. Le 14 novembre 1886, le Conseil étudie une réclamation de sa part et alloue 25F pour le chauffage de l'école de Mocquebaril jusqu'à fin 1886 et 50F pour toute l'année 1887. A la séance du 20 février 1887, le Conseil vote 1000F pour le salaire de l'instituteur en 1888.

 

Le 31 juillet 1887 le Conseil approuve les procès verbaux de réception définitive, mais demandent une subvention supplémentaire. En effet, les travaux s'élèvent à 17 294,57F alors que la subvention de l'Etat n'était que de 17 000F. De plus, il faut installer une clôture estimée à 800F. Le Conseil rappelle donc au Préfet la délibération du 22 février 1885 (celle ou 4 Conseillers ne voyaient pas l'utilité de construire une école à Mocquebaril) qui émettait "toute espèce de réserve pour le vote de toute dépense nouvelle…" Mais le 27 janvier 1888, une lettre du Préfet annonce que la commune "ne peut plus prétendre à aucune subvention…"

 

Mais une nouvelle facture arrive. L'architecte demande 150F de frais de déplacements pendant les travaux et le 22 février 1888, le Conseil délibère et refuse à nouveau toute nouvelle dépense. "…Considérant que le 31 juillet 1887, quand il a vérifié et approuvé les procès verbaux de réception des travaux de l'école de Mocquebaril, le Conseil a eu la conviction que les 150F de frais de déplacement portés en compte s'appliquaient aux 150F payés à M l'Inspecteur primaire, lesquels ne figurent ni au devis, ni sur les procès verbaux de réception et que cette conviction lui venait de ce qu'aucun frais de déplacement n'a été payé à l'architecte de l'école de garçons du bourg construite à peu près à la même époque, considérant que l'Etat devait construire à ses frais cette école pour laquelle il n'était réclamé à la commune que l'emplacement, considérant d'un autre côté qu'aucune clôture n'existe à cette école, dépense nécessaire qui va incomber à la commune, malgré qu'on ne lui ait demandé que l'emplacement, considérant en outre qu'en session du 22 février 1885, le Conseil a fait, au sujet de la construction de cette école une réserve ainsi conçue (et on cite à nouveau le passage où le Conseil émet "toute espèce de réserve pour le vote de toute dépense nouvelle…"), à l'unanimité des membres présents proteste contre la prétention de vouloir faire payer à la commune les 150F qui manquent pour solder les travaux de l'école et demande à M le Préfet ou de demander à l'Etat ces 150F pour solde, ou de faire rembourser ce qu'a touché M l'Inspecteur primaire puisqu'il n'a jamais été question d'une indemnité à ce fonctionnaire pour la construction de cette école, ni au devis, ni ailleurs".

 

Qui a finalement payé les frais de déplacements de l'architecte? On ne le sais pas car il n'en est plus question ni dans les délibérations, ni dans les courriers.

 

Le 20 mai 1888, le Conseil est présidé par Alfred ADAM, nouveau Maire élu le 20 mai précédent. On y reparle de la clôture qui n'est toujours pas installée. M. LORIN de CHAFFIN "offre de faire entourer à ses frais, excepté du côté de la route, le terrain en question à condition qu'on lui abandonne une portion du terrain cédé à l'école, mais qui n'a jamais encore été livré, soit 971m²". Suit la description de la clôture qui doit être réalisée. Le Préfet, dans un courrier du 10 août suivant, donne son accord à condition que M. LOIRIN de CHAFFIN abandonne également un "chemin qu'il a fait construire sur l'un des côtés de la cour des garçons (côté de la butte)". Cette condition posée par le Préfet est présentée à la séance du Conseil du 25 novembre 1888. M. LORIN de CHAFFIN l'acceptera et l'accord définitif est entériné à la séance du 24 février 1889.

 

Dans le budget établi pour 1890, 60F sont prévus comme indemnité à l'instituteur qui donne des cours aux adultes. On prévoit également une indemnité de 100F pour "le traitement de la maîtresse des travaux à l'aiguille". L'administration, par une loi du 19 juillet 1889, a en effet instauré des cours de couture pour les filles.

 

Le 18 août 1889, le conseil décide, à la demande de l'instituteur," de mettre sur le terrain de son école, en rive de la route un treillage de 1,20m et des stores simples pour sa chambre à coucher". Mais l'affaire traîne en longueur et ne se déroule pas selon les décisions du Conseil car le 10 juin 1892, celui ci, "après avoir examiné le mémoire de M Gabriel BLANCHARD s'élevant à 76,80F pour pose et fourniture de 6 stores, considérant que par délibération en date du 18 août 1889 il ne s'est engagé qu'à payer un store pour la fenêtre de la chambre à coucher de l'instituteur, décide que la somme de 12,80F pour coût d'un store sera payée par la commune à M Gabriel BLANCHARD et quant au surplus, il se fera payer par la personne qui lui a commandé le travail". Mais qui a commandé les 5 stores supplémentaires? Nous allons le savoir le 21 août suivant grâce à une nouvelle délibération. Le Maire représente le dossier des stores de l'école de Mocquebaril et expose "que l'Inspecteur primaire désirerait que cette somme fut payée par la commune malgré que le travail a été commandé contre la volonté du Conseil, et l'invite à se prononcer sur cette question et au besoin à payer cette dépense afin d'être agréable à l'Inspecteur". Mais le Conseil "regrette de ne pouvoir être agréable à l'Inspecteur attendu qu'il n'y a jamais eu adhésion du Conseil dans la pose de ces stores et maintient les termes de la précédentes délibération, laissant ces frais à la charge de M DELABOUDINIERE qui s'offre à les payer. Il l'autorise à les faire enlever à ses frais".

 

Dans un courrier du 1er février 1894, la Préfecture informe le Maire qu'une la loi du 25 juillet 1893 stipule que "dans les écoles mixtes dirigées par des instituteurs, l'indemnité allouée aux maîtresses de couture sera prise sur les fonds de la commune". Le Préfet invite donc la commune à se prononcer pour le remplacement de l'instituteur par une institutrice qui inclurait ses cours de couture dans son emploi du temps, le traitement de celle ci étant pris en charge par l'Etat. La lettre est présentée au Conseil le 11 février et celui ci "considérant que l'école de Mocquebaril n'est fréquentée que par un nombre très restreint de filles et que ça serait exagéré de payer 75F à une maîtresse de travaux à l'aiguille laisse l'administration libre de nommer à la direction de l'école de Mocquebaril un instituteur ou une institutrice, mais il croit devoir faire remarquer à M le Préfet que l'école se trouvant seule au bord de la route et à côté de deux cafés, la situation ne serait peut être pas très agréable pour une institutrice. De plus, en aucun cas, il ne voudrait être cause du déplacement de l'instituteur actuel qui semble s'occuper très sérieusement de ses fonctions".

 

Le Conseil tergiverse et des courriers de la Préfecture de mai, juillet et août rappellent au Maire qu'il doit faire connaître sa décision précise sur la direction de l'école.

 

Comme si de rien n'était, le 9 février 1895, le Maire signale au Préfet "que la maîtresse de couture de l'école de Mocquebaril n'a pas encore reçu le mandat de son traitement de 1894". La maîtresse étant dans une "situation des plus nécessiteuse", il demande que l'on régularise le plus vite possible. Il conclut son courrier en marquant son étonnement: "je remarque que le budget de 1895 ne contient pas de crédits pour la maîtresse de travaux à l'aiguille. La commune ayant refusé de voter ce crédit, dois-je en conclure que la dépense a été conservée à la charge de l'Etat ou que l'emploi a été supprimé?"

 

Le Préfet ne doit pas apprécier car il fait une réponse assez sèche le 4 mars 1895: "… le Conseil s'étonne qu'après ses délibérations concernant le traitement de la maîtresse de couture une réponse catégorique n'ait pas été faite plus tôt. Laissez moi vous dire, Monsieur le Maire, que je suis encore bien plus surpris de l'étonnement du Conseil municipal…" Il continue en faisant l'historique des divers courriers échangés et conclut"…mais le Conseil municipal a cru probablement fort habile de s'en tenir aux mêmes termes ambigus. Cette dépense étant, je le répète, obligatoire, je me verrai dans la nécessité de l'inscrire à l'un des prochains budgets".

 

Le Conseil, malgré la menace, maintient sa position car le 6 avril 1895, le Préfet prend un arrêté: "le Conseil municipal est mis en demeure de voter par imputation sur les ressources de 1895 un crédit de 80F pour le paiement de l'indemnité due pour 1894 à la maîtresse des travaux à l'aiguille….Un crédit d'égale somme devra être voté pour 1895. Faute par le Conseil municipal d'obtempérer à cette mise en demeure à la session de mai 1895, il y sera pourvu d'office conformément…" Mais l'entêtement de la commune n'aura pas été vain car le 7 août, le Ministre de l'Instruction publique accorde une subvention de 80F pour régler le traitement de 1894 de la maîtresse, et le 30 août, le Préfet prend un nouvel arrêté prenant en compte cette décision.

 

Apparemment, la situation perdure et la commune obtient chaque année une subvention du Ministre jusqu'en 1898 ou le Préfet, par un courrier du 30 juillet, annonce que la subvention a été refusée cette année et redemande si la commune veut une institutrice à la direction de l'école. Mais la commune doit être attachée à son instituteur car il reste en poste et une subvention est à nouveau versée par le Ministre: 40F pour 1898-1899, 18F en 1902, 9F pour 1903, 14, 70F pour 1904, 13, 71F pour 1905…

 

Le 1er novembre 1909, la maîtresse des travaux de couture, Mme CHEREAU, démissionne. Le 7 juillet 1911, Marie BORDIER veuve TRAVERS est nommée. Elle démissionnera le 26 octobre 1913.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'école est devenue une maison d'habitation

 

La suppression des postes de fonctionnaire ne date pas d'aujourd'hui. Le 2 août 1922, le Préfet écrit au Maire: "le personnel du Ministère de l'Instruction Publique devant être réduit pour contribuer à la suppression de 50 000 fonctionnaires ordonnée par le Parlement, j'ai l'honneur de vous faire connaître que, conformément aux instructions de M le Ministre, la suppression de l'école de hameau de Mocquebaril, qui ne compte que 5 élèves, a été décidée". Le 16 août, le Préfet demande "d'extrême urgence", l'avis du Conseil.

 

Le 25 août 1922, un courrier du Préfet autorise la commune à louer le bâtiment qui abritait l'école à deux conditions: la première est "d'insérer dans le bail de location une clause autorisant la commune à reprendre le bâtiment en cas de réouverture de l'école", et la seconde, c'est que "le produit de la location, ou au moins sa moitié, soit consacré à l'entretien des deux autres écoles de la commune et au renouvellement du mobilier".

 

Le 27 août, le Conseil "considérant que l'agglomération du hameau de Mocquebaril et les fermes voisines peuvent dans un avenir très proche fournir une population scolaire suffisante pour justifier l'existence d'une école de hameau, demande que l'école de hameau de Mocquebaril soit maintenue".

 

"Quand on reçoit un ordre, il faut attendre le contrordre", règle bien connue dans l'administration et dont on peut vérifier toute la pertinence, car le 17 novembre 1922, arrive une lettre du Préfet qui annonce " que la suppression de l'école du hameau de Mocquebaril qui avait été envisagée a été abandonnée".

 

Mais le 2 août 1925, le Conseil prend deux délibérations concernant l'école de Mocquebaril. Dans la première il "décide d'utiliser le matériel de l'école, après lui avoir fait subir les transformations nécessaires, pour la garderie instituée par délibération du 24 mai 1925" et dans la deuxième,"donne pouvoir au Maire de louer l'école de Mocquebaril au mieux des intérêts de la commune, aux conditions énoncées dans le courrier du Préfet du 25 août 1922".

 

L'école de hameau de Mocquebaril ferme donc à la fin de l'année scolaire 1924-1925. Elle a fonctionné 39 ans, évitant aux enfants de cette extrémité de la commune d'avoir à venir, bien souvent à pied, à l'école à St Laurent. Avec les deux cafés, elle participait à la vie du hameau qui petit à petit va devenir tel qu'on le connaît aujourd'hui.

 

 

M LORIN DE CHAFFIN

 

Qui est M LORIN DE CHAFFIN, ce Conseiller municipal qui fait don du terrain sur lequel sera bâtie l'école de hameau à Mocquebaril? C'est François Jules LORIN de CHAFFIN, fils de Jules LORIN et de Elisabeth Agathe SARTRE DE CHAFFIN, né à Beaugency en décembre 1822.

La famille SARTRE est originaire de Villars d'Arènes dans le Grenoblois et c'est un François qui incruste une de ses branches dans notre région en épousant, en 1694, Marie Anne LESOURD. Elle apporte en dot la charge de forestier du Buisson de Briou et sa maison des Chambres. Par la suite, le ménage possèdera la Barboire, le Verger, etc. Quand François meurt, le 12 juillet 1730, à St Laurent, il est Conseiller du Roi.

Leur fils, également François, né le 20 novembre 1696 à St Laurent des Eaux, se marie le 5 août 1732 avec Marie Jeanne de GRENOLIAS qui apporte dans sa dot la propriété de Chaffin. Ce couple est à l'origine de la famille SARTRE DE CHAFFIN qui restera à Chaffin et dans la région.

Le 16 décembre 1800, à Beaugency naît Elisabeth Agathe SARTRE de CHAFFIN. Elle est fille de Michel François et de Agathe Elisabeth Angélique DELALANDE. La mort à 18 ans de son frère, François Michel Jean Baptiste, la fait seule héritière de la propriété de Chaffin. Elle se marie le 12 février 1822 à Jules LORIN.

Jules LORIN est né à Neuville au Bois, dans le Loiret, le 14 novembre 1795. Il est issu d'une famille de notaires et reprend en 1821 l'étude de Beaugency. Il rencontre Melle SARTRE de CHAFFIN et l'épouse. Après le mariage, Jules LORIN accole à son nom celui de SARTRE de CHAFFIN, mais la famille ne devient officiellement LORIN SARTRE de CHAFFIN qu'à la suite d'un jugement de 1879. Jules s'impliquera beaucoup dans la vie locale. Il est Conseiller municipal de Beaugency de 1825 à 1855, Maire de 1852 à 1855, Président de la Fabrique de 1862 à 1872, etc. Il meurt le 23 février 1877.

En décembre 1822, un fils est né de l'union de Jules et Elisabeth Agathe. Il s'agit de François Jules LORIN SARTRE de CHAFFIN. C'est lui qui sera Conseiller municipal à St Laurent et fera don du terrain pour l'école. Il habite Orléans mais vient souvent en famille à Chaffin, s'impliquant dans la vie de la commune par le Conseil municipal. Il participa peut être à l'inauguration de l'école, mais décède peu après, le 24 mai 1890, sans descendance. A la mort de son épouse, devenue par son deuxième mariage Mme WATBLED, la propriété revient au Docteur Paul Ange GEFFRIER, filleul de François Jules LORIN SARTRE DE CHAFFIN. Elle appartient toujours à ses descendants.

 

                                                                 Jean Pierre LAPEYRE

 

Ces pages ont été réalisées en novembre 2009

 

par la section "Histoire locale et généalogie"

 

de l'association ARTS ET LOISIRS

 

d'après une étude réalisée par Jean Pierre LAPEYRE