HISTOIRE DE CROIX

En se promenant dans la commune, on voit au fil des rues, dans les carrefours, au bord des chemins de nombreuses croix. En mauvais état ou restaurées, elles marquent le souvenir d'un évènement, le lieu d'un pèlerinage ou d'une procession traditionnelle. Elles sont là depuis des décennies et on a l'habitude de les voir sans plus savoir pourquoi elles ont été installées. Toutefois, pour un certain nombre d'entre elles, grâce à quelques témoignages, et surtout  au journal qu'a tenu l'Abbé Joseph BAUDET pendant son ministère à St Laurent des Eaux de 1909 à 1947, nous avons quelques indications sur les raisons de leur installation. Nous allons donc vous raconter l'histoire de plusieurs croix de la commune.

Nous comptons sur vous pour compléter ce chapitre. Si vous avez des renseignements sur l'installation de certaines croix (document, photo, transmission orale, etc) n'hésitez pas à nous contacter.

 

 

LA CROIX  NADOT  A  NOUAN

       

 

       Une croix à la mémoire d'Aimable Arthur NADOT est implantée à Nouan, vers la Proutière, à l'angle de la route de Thoury et de l'ancien Chemin de Chambord.

 

            Aimable Arthur NADOT est le fils de Vrain Aimable et Ernestine Marie GASNIER. Ils se sont mariés le 20 juin 1876 à Nouan/Loire. Ils sont vignerons et habitent au Cavereau.

 

            Aimable Arthur nait le 15 janvier 1881 au Cavereau (commune de Nouan/Loire), au domicile de ses parents. C'est le deuxième d'une fratrie de six garçons:

               - Victor NADOT, né le 17 janvier 1878 épousera Léontine LABLEE

                - Aimable Arthur NADOT né 15 janvier 1881-

                - Octave NADOT né le 23 mai 1883

          - Léandre NADOT né le 30 décembre 1885 épousera Renée Berthe DEFINS

                  - Charles NADOT né le 4 novembre 1888

            - René NADOT né le 22 novembre 1896 épousera Mélina BERNARD

 

           

   

          En 1901, sa classe est appelée aux armées, et l'administration militaire le décrit ainsi:

 

      - cheveux: noirs 

       - yeux: noirs

        - nez: moyen   

        - menton: rond

         - sourcils: noirs   

        - front: ordinaire

         - bouche: moyenne   

          - visage: ovale

                                      - taille: 1,66m

            Son niveau d'instruction est de 3, ce qui veut dire qu'il sait lire, écrire et compter.

            Il est déclaré "bon pour le service" au Conseil de révision. Il est incorporé au 89ème Régiment d'Infanterie comme "soldat de 2ème classe" le 15 novembre 1902. Il est mis "en disponibilité de l'armée d'active" le 23 septembre 1905 avec son "certificat de bonne conduite" en poche

 

Emplacement de la croix,       

près de la Proutière          

 

 

 

 

            Le 23 janvier 1907, il est gravement blessé par la chute d'une branche en coupant des arbres dans un bois du Comte de Montlivault, vers la Proutière, à proximité de la croix. Il décède le 24 janvier 1907 à 3h du matin, au domicile de ses parents. Il est célibataire.

 

Je remercie Josette et Gérard NADOT pour leur aide précieuse dans mes recherches.

 

 

 

 

 

 

Maison de la famille NADOT à la Robinière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA CROIX DE BRIOU

           

La Croix de Briou, qui s'élève dans la grande plaine entre le village et la Loire, au bord de la route de la centrale, a été mise en place le 12 juillet 2019. Elle remplace celle mise en place le 12 août 1933, qui elle-même remplaçait celle installée à l'occasion de la mission d'avril 1894. Mais laissons l'Abbé Joseph BAUDET, Curé de St Laurent de 1908 à 1949, nous raconter l'installation de la Croix de Briou en 1933, et sa bénédiction en 1934:

 

            "12 août 1933: restauration de la Croix de Mission en Briou. La Croix de Mission en Briou, vieille de 39 ans (du 1er au 22 avril 1894), commençait de tomber. Il fallait la remplacer. La famille ADAM de BEAULIEU, des Basses Fontaines, fournit un chêne; le charpentier, E. FROGET en fit une croix. Hier, lendemain de la St Laurent, la nouvelle croix fut plantée. On mit à ses pieds quelques pièces de monnaie, et une bouteille contenant un papier relatant la date d'érection. Elle mesure au dessus de la terre 7,50m. Comme l'autre, elle fait face au bourg, légèrement tournée vers l'église. Sitôt peinte, elle sera bénie publiquement; cette érection s'est faite en particulier, par une chaleur tropicale, maximum pour notre pays, et cette chaleur dure depuis plusieurs semaines. D'ailleurs, la moisson s'achève, abondante, excellente. Plaise à Dieu que le blé se vende avantageusement.

            La croix continuera ainsi de bénir et la plaine et les laboureurs. "Arbar décora et fulgida" (NDLR: l'arbre est beau et brillant). Elle remplacera les grands arbres du Buisson de Briou qui ont disparu.

            La quête de l'Assomption couvrira les frais.

 

            15 août 1934: Assomption et bénédiction de la Croix de Briou. En la fête de l'Assomption 1934, après les vêpres, on est allé en procession à la Croix de Briou pour la bénédiction solennelle. Restaurée en 1933, à la veille de la mauvaise saison, elle n'avait été bénie que provisoirement. Très long cortège. En tête, la Croix processionnelle à laquelle on avait suspendu un rameau de vigne avec grappes, prémices du raisin blanc (les premières de raisin rouge tant offertes à la St Laurent). Enfants de l'école libre, jeunes filles voilées, de nombreux hommes et jeunes gens tous en groupe, avaient leur bannière, puis de nombreuses dames. Tous sur deux rangs en chantant des cantiques. Ave Maria, vive Jésus, vive sa Croix, Magnificat. On dit aussi le Chapelet. La croix avait été ornée avec le meilleur goût par la jeunesse de la paroisse, jeunes gens et jeunes filles. Celles-ci avaient fait une longue guirlande de verdure, laquelle passant sur les bras de la Croix, retombait de chaque côté, reliant ensemble les gerbes de blé et de maïs. Au dessous du Christ, on avait fait une grande croix faite d'épis. Et au centre, l'écusson de la J. A. C (Jeunesse Agricole Catholique). Ce sont en effet les jeunes gens de ce groupement qui ont surtout fait l'ornementation. En arrivant, Monsieur le Curé fit une courte allocution pour expliquer le sens de la cérémonie. Ensuite, il procéda à la bénédiction; on chanta trois fois "O Crux Ave", puis on repartit non sans avoir admiré de nouveau et la Croix et le cadre de Briou qui lui convient si bien. Au retour, après les chants et quelques dizaines de chapelets, il y mit un court Salut."

 

(NDLR: vers 1960, la croix a été déplacée par EDF lors de la construction de la route de la centrale)

 

         Mais la Croix de Briou, en juin 1930, avait été l'objet d'un sacrilège qui avait fortement choqué l'Abbé BAUDET. Là aussi, laissons le raconter:

 

            "Juin 1930: dernièrement un jeune voyou a lapidé le crucifix de la Croix de Mission, en Briou. Je veux stigmatiser ici ce sacrilège. Et pour que ceux qui viendront après moi comprennent, s'il m'arrive malheur, je veux le nommer ici: c'est un nommé GROUX, il a 19 ans environ. Il fit autrefois sa première communion en l'église de St Laurent, mais en a tout oublié

            (NDLR: l'Abbé BAUDET ne donne pas le prénom du chenapan, il est donc impossible d'affirmer de qui il s'agit. Mais il y a deux enfants GROUX qui naissent environ 19 ans avant, soit vers 1911. Le premier, GROUX Maurice Edouard qui nait le 12 juillet 1910, fils d'Abel Edouard GROUX et de Marie NAUDIN, habitant la Sablonnière. Il décède le 9 avril 2004 à St Laurent. Le second, GROUX Robert, nait le 30 septembre 1913, fils d'Abel Albert GROUX et de Germaine Marie Louise PINEAU, habitant le Bourg. Il décède le 5 novembre 1997 à Beaugency. Parmi les deux, quel est le garnement qui scandalise l'Abbé BAUDET? Impossible à affirmer, mais l'acte était plus facile à accomplir pour le second, Robert GROUX, celui-ci habitant le Bourg, que pour le premier qui habitait la Sablonnière, près du Golf de Ganay. Est-ce suffisant pour faire une preuve? Certainement pas, et peut être est-ce un troisième GROUX que nous ne connaissons pas… Toujours est-il que cet acte a scandalisé l'Abbé BAUDET et qu'il ressent même une certaine crainte, car il témoigne par écrit au cas "ou il lui arriverait malheur";.)

 

 

 

 

 

LA CROIX DE LA RÉDEMPTION, RUE DES JUIFS

            Un Jubilé ou Année sainte est, dans l'Église catholique romaine, destiné à raviver la foi des catholiques. En principe, il y en a un tous les 25 ans, mais exceptionnellement, le Pape peut décider d'un Jubilé à d'autres occasions. Durant cette année, l'indulgence plénière est accordée à certaines conditions: confession, communion, aumônes ou autres bonnes œuvres et le pèlerinage de Rome. Ces conditions sont généralement précisées dans la bulle d'indiction promulguée par le Pape qui fixe également les dates d'ouverture et de clôture de l'Année sainte. L'Année sainte est donc un temps de conversion, de pénitence, de pardon et de rémission des péchés. C'est aussi, par conséquent, une année de liesse et d'action de grâce. Lors de l'Année sainte, la Porte sainte de chacune des quatre basiliques majeures de Rome est solennellement ouverte.

            En 1935 le Jubilé de la Rédemption se termine, d'après l'Abbé BAUDET, (NDLR: voir nota ci-dessous) le jour de la Quasimodo (dimanche qui suit celui de Pâques), soit le 28 avril 1935. L'abbé BAUDET, curé de St Laurent des Eaux, organise pour l'occasion deux cérémonies symboliques: l'inauguration des nouvelles portes de l'église qui rappelle l'ouverture de celles des basiliques de Rome au début du Jubilé, et la bénédiction d'une croix qui porte le nom du Jubilé qui se termine. Laissons la parole à l'Abbé BAUDET qui raconte la journée:

 

          Aujourd'hui s'est achevé partout le Jubilé de la Rédemption, étendu au monde entier à la fête de Pâques 1934. Il convenait de gagner encore une fois l'indulgence plénière. On s'y est appliqué jeudi, vendredi et samedi les pieux fidèles vinrent à la messe et le soir au Salut. Ce fut au Salut qu'on récita les prières obligatoires. Mais aux deux réunions, matin et soir, on vint en nombre convenable. Ce fut une compensation pour ce Carême médiocre. On le fit en union avec Lourdes où se fit officiellement la clôture du Jubilé, sous la présidence du Légat du Pape, les messes s'y célébrant sans discontinuer depuis le jeudi soir jusqu'au dimanche soir.

 

            Aujourd'hui, dimanche de Quasimodo, nous avons eu deux cérémonies qui ont attiré une bonne assistance d'hommes et jeunes gens et de dames et de jeunes filles:

            1°: nouvelles grandes portes à l'église que la Municipalité a faites placer entièrement à ses frais. Elles remplacent celles faites il y a 60 ans et qui étaient usées.

                                                                                                                                                                      Les portes de l'église restaurées

 

2°: une croix dite Croix de Mission qui se trouvait à gauche (NDLR: il dira un peu plus loin qu'elle était à droite, mais peut être, dans son esprit, a-t-il changé de sens de marche entre temps?) en allant au cimetière en un terrain qu'on appelle encore la Croix de Mission avait disparu pour cause de vétusté il y a 70 à 80 ans. Les Anciens ont seulement vu les pierres, derniers vestiges. Elle avait été sans doute placée lors des grandes missions sous la Restauration. Nous avons eu l'idée de la remplacer pour en rappeler le souvenir, et aussi pour rappeler aux générations futures le Jubilé présent de la Rédemption. Seulement, tandis que l'autre était sur la droite, nous avons placé la nouvelle sur la gauche; ayant pour fond les bords de la rivière, avec les arbres, les petits jardins de BOHE, elle fera meilleur effet. C'est une croix en fer forgé; dessus est attaché un crucifix qui ne manque pas de beauté: reproduction du Christ de BOUCHARDON, sculpteur du 17ème siècle. Sur le socle, une inscription: Croix de la Rédemption 33.1933, année de la mort du Christ et aussi du Jubilé à Rome.

           Après la messe nous sommes partis en procession, en bon ordre, sur deux rangs, au chant de "Vive Jésus, Vive la Croix". La croix avait été ornée par la jeunesse de la paroisse, jeunes gens et jeunes filles: guirlandes, fleurs, verdure. M. le Curé fit une allocution de circonstance, donne la bénédiction, chant "O Crux Ave". Puis on revint au chant du "Magnificat". En arrivant à l'église, les hommes se groupèrent à l'entrée, au dehors, les dames à l'intérieur, et M. le Curé bénit les grandes portes, trois oraisons, eau bénite et encens. Le prône avait expliqué la partie de la cérémonie, les raisons de bénir les portes de l'église. Et ainsi St Laurent, ni plus ni moins que les basiliques romanes, a eu, pour clore le Jubilé, sa cérémonie de la Porte Sainte. Seulement, ici, ce n'était pas pour fermer, mais pour ouvrir plus que jamais. En rentrant, on chanta "Ave Maria", le cantique de Lourdes pour s'unir aux grandes cérémonies qui s'y sont célébrées.

                          La Croix de la Rédemption

           

Le soir à 4h ½ les jeunes filles du Cercle d'Etude se sont réunies au presbytère pour entendre "par sans fil" (NDLR: à la radio) la grand'messe de clôture célébrée à la grotte, et recevoir la bénédiction du Saint Père donnée de Rome, après une allocution en latin qu'on a entendu aussi clairement que possible.

            En terminant nous confions à nos successeurs cette Croix de la Rédemption que nous venons de planter et de bénir. C'est la 12ème sur le territoire de la paroisse. Qu'elle soit entretenue comme toutes les autres, qu'elle soit révérée. On juge de l'état d'une paroisse par le soin qu'elle a des croix disséminées sur son territoire.

                                   Laudetin Jésus Christas (NDLR: Louez Jésus Christ)

 

Nota de l'Abbé BAUDET: dans le socle de la Croix a été déposé un tube contenant un parchemin qui relate l'origine de la Croix. On y a ajouté quelques pièces de monnaie de ces années dernières.

 

 

 (Nota NDLR; on note dans le récit de l'Abbé BAUDET quelques incohérences. Il raconte cette journée dans le journal qu'il a tenu de 1909 à 1947 à la date de la Quasimodo 1935 (28 avril 1935). Or dans son récit, il dit: "… Jubilé de la Rédemption, étendu au monde entier à la fête de Pâques 1934.". Puis un peu plus loin: "…Croix de la Rédemption 33.1933, année de la mort du Christ et aussi du Jubilé à Rome." Finalement, on ne sait pas trop si ce Jubilé a eu lieu en 1933, 1934 ou 1935? Mais l'important c'est qu'il en reste un souvenir qui fait aujourd'hui parti du patrimoine communal)

 

 

 

 

LA CROIX DES BORDES

 

 

La croix des Bordes avant            l'aménagement du golf          

 

Il y a dans la propriété du Golf des Bordes une haute croix en pierre, sur le socle de laquelle sont gravées deux dates: 4 septembre 1864 et 19 mai 1881. Madame Laurence BICH m'avait dit, au moment ou commençaient les travaux d'aménagement du Golf des Bordes, que cette croix marquait l'endroit où un jeune membre de la famille de DURFORT CIVRAC, gros propriétaire du secteur, avait trouvé la mort au cours d'une chasse, et que ces deux dates étaient celles de sa naissance et de son décès. Mais ce n'est qu'une légende, et en réalité ces dates sont celles du décès de Victorine SUE et de son mari, Vincent Marc CAILLARD, anciens propriétaires du château des Bordes. Mais revenons un peu en arrière.

            Vincent CAILLARD nait à St Laurent le 20 juin 1758. A 17 ans il perd son père et quitte St Laurent. Il entre dans une entreprise de travaux publics d'Orléans qui travaille sur les routes du Loiret, et gravit les échelons. En 1771, d'après un document déposé chez un notaire de Sandillon, il est "…Conducteur des Chemins royaux, Ponts et Chaussées…". En 1815, à Orléans, il s'associe avec Pierre LEBRUN qui dirige l'Hirondelle, une entreprise de voitures publiques pour le transport des personnes. En 1819, il s'installe à Paris avec sa famille. En 1826, il fonde les "Messageries Générales de France", puis avec Pierre et Jean-Baptiste LAFFITTE, frères du banquier Jacques LAFFITTE, qui fournissent d'importants capitaux, les "Messageries LAFFITTE et CAILLARD". L'entreprise deviendra la plus importante messagerie de France, avant d'être remplacée petit à petit par le chemin de fer.

            Vincent CAILLARD, sur une des propriétés qu'il achète au début du 19ème siècle en Sologne, construit, près de Lailly en Val, le château des Bordes. Lorsqu'il décède en 1843, c'est son fils Vincent Marc Désiré (dit Marc) qui en hérite puis son petit fils, Vincent Joseph Paul (dit Paul) qui termine la construction du château vers 1880.

           

                         4 septembre 1864

                                   18 mai 1881

 

 

    Marc CAILLARD nait le 15 mai 1801 à St Hilaire St Mesmin où la famille CAILLARD réside encore à ce moment là. Il deviendra avec son père et son frère administrateur des Messageries LAFFITTE et CAILLARD, puis de la Compagnie de Chemin de Fer du Nord. Le 14 avril 1831, il épouse à Paris Victorine SUE.

            Victorine SUE est née le 26 avril 1810 à Paris, du deuxième mariage de son père Jean Joseph avec Marie Sophie TISSON-DERILLY. Son frère, Marie Joseph SUE, est le célèbre écrivain Eugène SUE. Celui ci porte les prénoms de Marie en souvenir de sa mère et de Joseph pour celui de sa marraine, Joséphine BEAUHARNAIS (née TASCHER de la PAGERIE), épouse de Napoléon BONAPARTE. Pour s'adapter à la tradition anticléricale de la famille, il préfèrera plus tard  prendre comme prénom celui de son parrain, Eugène BEAUHARNAIS.

            Car la famille Sue avait des relations. Le père d'Eugène était non seulement professeur d'anatomie à la Faculté, mais chirurgien-chef de la garde consulaire, puis impériale. Il fut plus tard attaché à la maison militaire de Louis XVIII.

 

            Eugène SUE né à Paris le 10 décembre 1804. Après des études peu brillantes et une adolescence difficile et chaotique, il devient un adulte dépensier courant les salons à la mode. Criblé de dettes, son père l'envoie "se faire oublier" sur les océans comme chirurgien de marine. A la mort de son père, en 1830 il revient à Paris où il dilapide la fortune paternelle. Il fréquente les grands écrivains de l'époque (DUMAS, BALZAC, etc) et s'essaye à l'écriture de romans d'aventure et mondains. Il écrit les "Mystères de Paris" en 1842, puis le "Juif errant" qui remportent un énorme succès.

 

La croix des Bordes dans son environnement actuel

 

En 1846, lassé de la vie parisienne, Eugène SUE vient s'installer chez sa sœur Victorine et son beau-frère Marc CAILLARD. Le couple réside dans le château des Bordes, et Eugène s'installe dans une dépendance. "C'est une petite maison surmontée de curieuses cheminées paraissant de style mauresque. Un escalier aux rampes couvertes de roses en pleine floraison conduisait à un perron sur lequel s'ouvrait une porte ronde. Non loin de là, il y avait un gros magnolia et un chêne vert. Il appellera cette demeure "Mon Repos"

            Il écrit plusieurs romans aux Bordes. Bien qu'élu Député de Paris en 1850, il s'implique fortement dans la vie locale et multiplie les actions sociales et charitables. Après le coup d'état du 2 décembre 1851 de Louis Napoléon BONAPARTE il quitte "Mon Repos" et s'exile à Annecy le Vieux, en Haute Savoie (qui fait alors partie du Royaume de Sardaigne). Il y mourra le 3 août 1857.

 

            De cette époque, il reste une croix imposante. Par qui a-t-elle été construite? Pourquoi à cet endroit? Est-ce qu'elle marque un lieu particulier dans la vie de Marc et Victorine? Si au début de mon propos j'ai détruit la légende du jeune chasseur tué en ce lieu, à la fin je soulève bien des questions et la croix conserve son mystère….

 

 

 

 

 

LA CROIX DES CHAMPS DE LA CROIX

 

 

 

La Croix avant sa dernière restauration

 

 

 

 

            Rue du stade, dans le virage du centre équestre de la Quavatine (anciennement la Pétardière), se trouve le centre municipal de stockage de matériaux. A gauche de son entrée se dresse une croix en bois dédiée à St Michel et St Jacques. Par l'abbé Joseph BAUDET, ancien curé de St Laurent des Eaux, nous avons de nombreux renseignements sur l'histoire de cette croix. Je le laisse raconter:

 

 

            "Le 20 juin 1942, a été bénie une croix nouvelle destinée à remplacer la Croix St Michel située à l'entrée du bois de Joubert, proche les maisons de culture BLANCHARD et FASSOT (dit Pétard, d'où la Pétardière). Celle ci tombait de vétusté. Elle avait été bénite le 10 octobre 1856 par Mr l'Abbé JOHANNET accompagné de Mr l'Abbé JESLIN, curé de St Laurent (JESLIN Adolphe a été curé de St Laurent des Eaux de 1852 à 1886). On l'avait dédiée à St Michel en mémoire de Mr Michel JOHANNET, l'époux défunt de Mme JOHANNET, propriétaire du domaine. La nouvelle croix restera dédiée à St Michel, mais aussi à St Jacques en mémoire de Melle Jacqueline BIMBENET, récemment décédée à l'âge de 19 ans, laissant sur Joubert un deuil qui durera longtemps. Elle se trouve placée un peu plus avant que l'autre. Les arbres ne la cacheront pas. Elle fait face à l'Eglise et on pourra la voir de la route.

         

  Rue du stade, dans le virage du centre équestre de la Quavatine (anciennement la Pétardière), se trouve le centre municipal de stockage de matériaux. A gauche de son entrée se dresse une croix en bois dédiée à St Michel et St Jacques. Par l'abbé Joseph BAUDET, ancien curé de St Laurent des Eaux, nous avons de nombreux renseignements sur l'histoire de cette croix. Je le laisse raconter:

 

 

            "Le 20 juin 1942, a été bénie une croix nouvelle destinée à remplacer la Croix St Michel située à l'entrée du bois de Joubert, proche les maisons de culture BLANCHARD et FASSOT (dit Pétard, d'où la Pétardière). Celle ci tombait de vétusté. Elle avait été bénite le 10 octobre 1856 par Mr l'Abbé JOHANNET accompagné de Mr l'Abbé JESLIN, curé de St Laurent (JESLIN Adolphe a été curé de St Laurent des Eaux de 1852 à 1886). On l'avait dédiée à St Michel en mémoire de Mr Michel JOHANNET, l'époux défunt de Mme JOHANNET, propriétaire du domaine. La nouvelle croix restera dédiée à St Michel, mais aussi à St Jacques en mémoire de Melle Jacqueline BIMBENET, récemment décédée à l'âge de 19 ans, laissant sur Joubert un deuil qui durera longtemps. Elle se trouve placée un peu plus avant que l'autre. Les arbres ne la cacheront pas. Elle fait face à l'Eglise et on pourra la voir de la route.

            La cérémonie eut lieu le dimanche 20 juin après les vêpres. S'y trouvaient les propriétaires de Joubert et de Geloux, leurs familles, les propriétaires d'alentour et un certain nombre de personnes du bourg, même quelques hommes et quelques jeunes gens. Monsieur le Curé commença par faire une allocution pour expliquer le sens de la cérémonie. Il dit que la croix était là tout à fait à sa place. En effet ce terrain fut de tout temps consacré à la Croix. Au Moyen Âge, tout ce terrain, y compris Tuffé, appartenait au Chapitre Ste Croix d'Orléans. Une ferme appuyée le long du bois s'appelait la Ferme de la Croix, et les Anciens se rappellent avoir vu les dernières pierres. Le bois voisin s'appelle le Bois de la Croix. Et puis tout prêt, se trouvent les terrains de sports. La croix sera ainsi, pour les jeunes gens sportifs, une protection. D'ailleurs, St Michel et St Jacques seront d'excellents patrons pour notre société. St Michel chef de camp du côté des bons anges dans le ciel en révolution au commencement, St Michel se livrant à un combat singulier avec le démon. St Jacques autrefois patron des pèlerins cheminant à pied sur les grandes routes, ce qui était une forme de sport.

            Donc après l'allocution, eut lieu la bénédiction solennelle. On chanta trois fois "O crux ave" (hymne religieux à la Croix). Une prière à la Croix fut récitée. Enfin, on chanta le cantique "Vive Jésus, vive est la Croix", puis les enfants de l'école libre qui étaient venus se dispersèrent dans le bois voisin et tout le monde se retira, heureux d'avoir été favorisé par le beau temps.

            A noter que la croix nouvelle fut faite d'un acacia abattu dans le voisinage, et les pierres qui la soutiennent, les mêmes qu'auparavant, avaient été tirées en 1856 de la marnière qui se trouve au Petit Belair, appartenant à cette époque à la famille JOHANET".

 

            (NDLR: la croix St Michel-St Jacques a été refaite par la commune il y a une vingtaine d'année et elle n'a pas été remise dans sa position d'origine car elle n'est plus face à l'Eglise. Elle a été refaite à nouveau en 2023).

           

La Croix St Michel-St Jacques aujourd'hui

 

La première personne à laquelle est dédiée la croix est Emmanuel Jules Michel JOHANET. Il est né le 7 juillet 1801 à Orléans, et s'est marié le 12 février 1827 avec Marie Agathe BIGNON. Il est avocat à Orléans, Bâtonnier de l'Ordre, Conseiller municipal d'Orléans et Député du Loiret. En 1854 il lance la construction du château de Joubert. Son père, Salomon Lazare JOHANET, avait acheté, le 13 novembre 1795, la propriété de Geloux à M. et Mme TOURTIER de VILLEFAVREUX. Emmanuel Jules Michel décède le 9 novembre 1855, brutalement frappé de paralysie. La croix sera donc élevée à sa mémoire le 10 octobre 1856.

            La deuxième personne à laquelle est dédiée la croix est Jacqueline BIMBENET. Elle est née le 1er juin 1924 de Jean Daniel Arthur BIMBENET et Laurence Marie DESCHAMPS. Ils sont respectivement nés le 14 mai 1889 à Orléans et le 10 décembre 1901 à Toulon, et se sont mariés le 2 juillet 1921 à la Ferté St Aubin. Leur fille, Jacqueline a contracté une méningite tuberculeuse et décède le 21 janvier1942 à Orléans. La croix lui est donc également dédiée le 20 juin 1942.

            A noter que le grand père de Jacqueline, Louis François Daniel BIMBENET, avocat à Orléans, achète la propriété de Geloux en 1908 à Paul DELORME (membre de la famille JOHANET), et sera Maire de St Laurent de 1910 à 1925.

 

Je remercie de leur contribution à mes recherches:

                        - Yves GUILLEMAIN D'ECHON

                        - Gérard AUBERT

                        - Daniel FROUX

 

 

 

 

LA CROIX DE CHAFFIN

 

 

La Croix de Chaffin

 

 

        Près du rond point de Moquebaril, à gauche de la route en direction de Beaugency, il y a une butte de terre surmontée d'une croix. L'Abbé BAUDET, curé de St Laurent des Eaux de 1908 à 1949, raconte dans le journal qu'il a tenu pendant son sacerdoce, l'histoire de cette croix:

La croix plantée sur le tumulus qui touche l'école de Moquebaril et sur la propriété de Chaffin, était tombée de vétusté. Je m'en suis procuré une autre en fer forgé, sœur de celle de St Andrault, et Monsieur le Docteur GEFFRIER, propriétaire de la terre, a eu soin de la faire placer. La cérémonie de la bénédiction eut lieu le soir du 22 août 1930, à 3h. On avait prévenu le voisinage, le jardinier avait nettoyé les alentours, fait un parterre de fleurs. A l'heure fixée, il y avait la famille du Docteur et les gens d'alentour, environ 40. Un cantique, "Vive Jésus, vive la Croix" fut chanté par l'assistance, une instruction sur la croix fut faite par le pasteur (NDLR: par lui-même); puis la bénédiction fut une prière de la croix récitée par une enfant, une dizaine de chapelets, enfin quelques couplets du même cantique et chacun se retira satisfait. L'ancienne croix qui remontait à 70 ans au moins s'appelait Francis, du prénom de M. LORIN de CHAFFIN, celle-ci portera le même nom et sera consacrée à St François (M. GRANDJEAN actuel chantre, était enfant de chœur lors de la première bénédiction)."

 

             Francis LORIN de CHAFFIN, qui d'après l'Abbé BAUDET a donné son nom à la croix, est né François Jules LORIN, le 10 décembre 1822,  à Beaugency où il sera Notaire. Il semble donc que le prénom de Francis, qu'on retrouve également dans d'autres documents, ne soit pas son prénom officiel mais usuel. Il est fils de Jules LORIN, né le 14 novembre 1795 à Neuville au Bois (45), qui viendra s'établir à Beaugency comme Notaire. Ce dernier se marie le 11 février 1822, à Beaugency, à Agathe Elisabeth SARTRE de CHAFFIN. Après son mariage, selon une tradition courante dans la bourgeoisie de l'époque, il rajoute à son nom celui de sa propriété et se fait appeler LORIN de CHAFFIN. Son fils, François (dit Francis) Jules LORIN, par décision du tribunal d'Orléans du 22 avril 1879 est autorisé à rajouter le nom de sa mère à son nom et devient officiellement François Jules LORIN SARTRE de CHAFFIN. Il épousera Claire Amélie MOREAU-LAULOIS le 18 mars 1851, à Orléans, et décèdera le 24 mai 1890 à Orléans. Mais avant, il aura fait installer la première croix sur la butte de Moquebaril. François Jules LORIN SARTRE de CHAFFIN et Claire Amélie MOREAU-LAULOIS n'ayant pas de descendance, c'est le filleul de François Jules, le Docteur Paul Ange GEFFRIER, qui héritera de Chaffin et qui en est propriétaire au moment ou l'Abbé BAUDET bénit la nouvelle croix, certainement celle qui est toujours en place.

 

 

 

CROIX DES QUATRE ROUTES

         

La croix n'est plus celle bénie par l'Abbé BAUDET en 1938. La photo est prise avant les travaux d'aménagement du rond point et du nouvel accès au Golf des Bordes

 

 

 

 Le dimanche 30 octobre 1938, j'ai procédé à la bénédiction de la Croix des Quatre Routes au hameau de Moque Baril. La précédente tombait de vétusté quoiqu'elle ait toujours été entretenue par M. R. GOMBAULT. Même, elle avait une armature en fer, mais cela ne pouvait empêcher le bois de se consumer. Il y a une croix en cet endroit depuis l'année 1800 au plus tard. C'est la tradition de Geloux. Le propriétaire, Monsieur J. GOMBAULT, ancien curé de St Laurent s'était retiré à Geloux après avoir passé la paroisse en d'autres mains. Il avait une sœur, Elisabeth, et pour ce motif, il avait dédié la Croix à Ste Elisabeth. On la renouvela chaque fois que ce fut nécessaire, toujours le même titulaire. Plus tard, les bois avoisinants devinrent la propriété de M. Roger GOMBAULT-MAME (rien de commun avec l'ancien Curé) habitant le château de la Motte Belair. La "dame" propriétaire s'appelait Elisabeth, raison de plus pour laisser ce nom à la croix. 

La croix qui vient de disparaitre était un peu une mutilée de la guerre….religieuse. En effet il y a 35 ans environ, un beau matin un individu s'en vint de la direction d'Orléans, armée d'une scie. Il avait fauché sur la route, toute les croix qu'il avait rencontrées sur les paroisses voisines. Il arrive à celle-ci, se servit de sa scie, mais l'instrument se heurta à l'armature en fer. Force lui fut de renoncer à son projet non sans laisser des cicatrices creusées par les dents. Donc c'est celle-ci qu'on allait remplacer. J'avais fait appel au personnel du château pour l'ornementation et aux fidèles de cette partie de la paroisse pour y assister. On répondit comme il convenait. J'arrivai après les vêpres, à 4h. Verdure et fleurs faisaient un fond et un parterre à la croix. Les fidèles se rangèrent devant, en demi cercle. Il y avait là les "dames" de Belair et de Geloux, il y avait aussi la jeunesse de St Laurent, masculine et féminine. Les paroissiens de Moque Baril étaient          La croix actuelle à côté du Golf des Bordes

venus également. J'adressai une allocution à

l'assistance, puis la bénédiction liturgique, trois fois "O Crux Ave". Les enfants du voisinage lurent une prière à la croix. On chanta, "vine Jésus, vine la croix", et on se sépara. La cérémonie laissera un bon souvenir à tous ceux qui y ont assisté. 

 

 

        

LA CROIX DE St ANDRAULT

 

 

 

 

 

          Dans son journal, l'Abbé Joseph BAUDET, curé de St Laurent des Eaux, donne en novembre 1929 l'origine de la croix de St Andrault:

          "La Croix de St Andrault tombe de vétusté; elle était en bois; je l'ai remplacée par une croix en fer forgé, achetée par occasion. Comme la précédente, elle est consacrée à St André. Qu'elle soit respectée, honorée et qu'elle dure longtemps".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CROIX DU PETIT CHASSEUR

     Prés du lieu dit "Les Quatre Routes" à St Laurent Nouan (rond point au croisement des D951 et D925), dans la propriété du Golf des Bordes, se trouve une croix, témoignage des combats qui se déroulèrent à cet endroit pendant la guerre de 1870. Sur cette croix, dite du "Petit Chasseur", une plaque sommairement fixée porte l'inscription suivante: "en ce lieu repose un soldat inconnu, petit chasseur du 31ème régiment de ligne, Mort pour la France, ici même le 8 décembre 1870". 

Mais lisons une lettre écrite le 26 décembre 1870 par M. JOHANNET, propriétaire de Geloux, lettre relatant les combats du 8 décembre 1870 en ce lieu:

 

          "Le 7 de ce mois (décembre 1870), le 31ème (régiment) de ligne vint occuper le carrefour de Moquebaril et nos bois des hauteurs de Petit Geloux avec une batterie. Il avait pris position contre un corps d'armée (9ème corps d'armée) qui arrivait de Lailly en Val. Le 8 décembre, le combat très vif est engagé à 3h pendant plus d'une heure. Puis les nôtres se replièrent sur Mer et aussitôt, les troupes allemandes se répandirent dans nos bois qui se trouvèrent, à 8h du soir, tout éclairé par leurs feux de bivouac. Pendant la nuit, Geloux ne cessa pas d'être soumis à leurs réquisitions et rafles générales: tout y passa. Le lendemain, le corps d'armée campé depuis Cléry jusqu'à nos bois leva le camp, et plus de 80 000 hommes défilèrent pendant 7h sur les routes d'Orléans à Blois.

          C'est dans cette escarmouche du carrefour des Quatre Routes que fut tué le chasseur de ligne qui a été enterré dans le pointe de bois, à droite de l'entrée du château de Bel Air".

          De l'autre côté de la Loire, Lestiou, Tavers, Avaray, etc, furent très éprouvés par les combats des 8 et 9 décembre dont les échecs se répercutèrent jusqu'à nous.

     A St Laurent des Eaux, trois ambulances furent établies au presbytère, à l'école des Soeurs, rue de l'Eglise et à l'école communale. Beaucoup de blessés y furent soignés par les docteurs BUREAU et CHASSAIGNE avec les sœurs pour infirmières. Je fis décerner à la Sœur supérieure, Sœur JENNY les insignes de la Croix Rouge. Henri ''(NDLR: le nom de la personne n'est pas inscrit) obtint d'une société anglaise la somme de mille francs qui fut répartie entre les trois ambulances et quelques habitants particulièrement éprouvés".

 

 

A la première lecture, cette plaque et ce récit semblent apporter des renseignements assez précis sur ces combats (date, unite…), mais si on les analyse, de nombreuses questions se posent sur les évènements qui se sont déroulés dans ces bois.

 

     Il est question, sur la plaque, d'un "petit chasseur du 31ème régiment de ligne", or il n'y a pas de chasseurs de ligne dans les régiments d'infanterie (ils font partie de régiments de chasseurs), et le 31ème régiment de ligne a été en partie décimé et en partie capturé à la bataille de Sedan. Il s'agirait donc plutôt ici du 31ème régiment de marche, régiment reconstituté en cours de campagne avec des éléments de plusieurs régiments disparus. Ou bien, le petit chasseur est-il un soldat qui a perdu son régiment et qui s'est intégré au 31ème de marche?

 

Le 8 décembre 1870 plusieurs unités se trouvent dans le secteur de Moque Baril:

                    - Côté Prussien, le 9ème corps d'armée (environ 15 000 hommes), sous les ordres du prince Louis de Hesse; venant d'Orléans, il longe la Loire par la rive gauche, et arrive le 7 décembre à Lailly en Val.

 

                    - Côté Français, plusieurs témoignages et documents font état de la présence, à St Laurent des Eaux, d'un bataillon de francs tireurs (Mobiles) de la Sarthe commandé par le Colonel de FOUDRAS, d'un bataillon du 31ème régiment de marche  commandé par le Capitaine Adjudant Major MONAVON et d'une batterie. Le Général Comte de CATHELINEAU, à la tête d'un détachement de volontaires (Mobiles), souvent renforcé par la Garde Nationale de St Laurent des Eaux, commandée par Paul CAILLARD, se déplace le long de la Loire et affronte à plusieurs reprises des éclaireurs et des petits détachements Prussiens. Mais il n'est pas établi qu'il soit présent dans les bois de Moque Baril le 8 décembre 1870.

 

 

M. JOHANNET déclare dans la conclusion de sa lettre "….que fut tué le chasseur de ligne qui a été enterré dans la pointe du bois….", sous entendant qu'il n'y a qu'une victime. D'après lui, il n'y aurait donc qu'un soldat enterré. Pourtant, il déclare également "…qu'un combat très vif est engagé à 3h pendant plus d'une heure…" Il est peu vraisemblable qu'une heure de combat n'ait fait qu'une victime….

 

 

Mais le Général CHANZY, commandant en chef de la 2ème Armée de la Loire, relate dans ses mémoires le décès "…du chef de bataillon, le Capitaine Adjudant Major MONAVON, et de plusieurs hommes…" au cours d'un accrochage à St Laurent des Eaux où il était parti en reconnaissance. Est-ce que les victimes ont été enterrées dans le bois ou ont-elles été emmenées par leurs camarades? Il est peu probable que ceux-ci aient pris le temps de creuser des tombes alors qu'ils étaient entrain de combattre les Prussiens. Les victimes ont-elles été laissées sur place et enterrées par la suite par les Prussiens?

 

 

 

 

 

D'après une version, la croix marquerait l'emplacement d'une sépulture, d'après une autre de plusieurs sépultures, ou peut être perpétue t'elle seulement le souvenir du combat.? Le 5 mars 2020, des fouilles ont été faites autour de la croix, et un ossement a été trouvé sans qu'on puisse en déterminer la nature, humaine ou animale. Le mystère reste donc entier.

 

 

     Après la pose d'une clôture autour du Golf des Bordes, la Croix du Petit Chasseur est devenue inaccessible au public. Il est donc prévu qu'elle soit déplacée à l'extérieur de la propriété  où elle rappellera aux passants ces combats d'une guerre un peu oubliée, et qui fut pourtant terrible pour notre région en particulier, et pour la France en général.

 

 

 

 

 

  La Croix du Petit Chasseur après défrichement du bois

CROIX LOUISE PIAT

La croix dédiée à Louise PIAT n'est pas installée sur la commune, mais sur celle de La Ferté St Cyr. Mais sa proximité avec la commune et la cause tragique de son implantation en ce lieu m'ont incité à la répertorier dans cette rubrique concernant les croix.

          Pour la trouver, il faut prendre le chemin de terre qui part à travers champs et bois, un peu après les Basses Fontaines. Après une belle promenade, on arrive à un croisement de chemins, environ 2 kms avant le stade de la Ferté St Cyr. A quelques mètres, un peu en retrait, se dresse une croix métallique sur un socle en pierre. Une plaque fixée dessus nous indique les raisons de son implantation:: "Louise PIAT âgée de 75 ans perdue dans les bois de la Ferté le 8 décembre 1925 est décédée en cet endroit où elle a été retrouvée le lendemain. Priez Dieu pour elle."

Louise PIAT est née le 20 avril 1850 à Lailly en Val. Elle est fille de Sylvain Eugène PIAT, journalier, qui est né à Ligny le Ribault, et de Madeleine Marie Louise BOULAIS qui elle, est née à Lailly en Val le 19 mars 1820. Ils s'y marient le 26 juin 1849 et vivent à Moncay. Ils auront une autre fille, Herminie Ido Désirée qui nait le 15 mai 1854.